Comment réparer une arête ?
Lorsque l’on parle de débosselage sans peinture et de ses limites, beaucoup de gens pensent que les coups sur les arêtes en font partie, qu’il est impossible de les réparer.
Heureusement pour nous, c’est loin d’être le cas, d’autant plus que ce n’est pas une espèce rare bien au contraire, il s’agit d’une bonne partie des réparations que l’on doit effectuer.
Si ce n’est pas impossible, comment procéder pour y arriver ?
On va classer les coups sur les arêtes en deux catégories : Les petits et moyens enfoncements et les gros.
Mais d’abord quelques points à faire attention au préalable
La préparation
Analyse et plan de la bosse
Première chose que doit faire tout débosseleur avant de s’y mettre c’est de bien analyser les dégâts et repérer les zones creuses, le type (léger, pointu, pli etc…) et les gonflements. En effet lors de coups sur une arêtes il est ultra fréquent d’avoir un ou plusieurs gonflements et il est crucial de les avoir repérés.
D’ailleurs si tu ne sais pas ce que c’est un gonflement ni de faire un plan de la bosse, va d’abord lire cet article qui traite du sujet.
Choix de l’outil et de la pointe
Une fois le plan de la bosse établi, il va falloir choisir le ou les bons outils en fonction de l’endroit et le l’accès que l’on a et aussi en fonction du type de résultat que l’on veut donner.
Les enfoncements sur les arêtes sont en général des bosses ou la tôle est tendue et moins malléable qu’à d’autres endroits donc hormis pour la finition on se passera de pointe fine et en métal car cela marquerait la peinture facilement. Si la tôle est froide il peut aussi être intéressant de la chauffer raisonnablement à l’aide d’un décapeur thermique ou d’un chalumeau dans le but de rendre la peinture plus souple, moins cassante.
Petits et moyen enfoncements d’arête
Les deux écoles
Pour les petits et moyen coups sur les arêtes, il y a deux écoles et je ne pense pas qu’il y en ait une vraiment meilleure que l’autre.
Il y a l’école de taper et redescendre d’abord les gonflements et l’autre qui dira au contraire de d’abord pousser l’arrête.
Personnellement je préfère cette dernière car je trouve qu’en poussant d’abord l’arête on réduit généralement le gonflement et il sera ensuite plus facile ensuite à taper.
Les autres diront que taper d’abord le gonflement réduira la taille de l’enfoncement sur l’arrête et il sera plus facile à pousser, et ils n’auront pas tord non plus haha. A voir ce avec quoi tu es plus à l’aise.
Par contre, quoi qu’il en soit, il faut éviter de pousser l’arête en dernier car cela sera plus dur d’avoir un bon résultat. L’arête sera plus dure à aligner et s’il reste que de petits creux il faudra utiliser une pointe fine et le risque de piquer la peinture sera élevé.
En résumé
Pour récapituler, d’abord je repère le ou les creux et le ou les gonflements. Je choisis de commencer par réparer d’abord l’un ou l’autre. Si j’ai choisi de démarrer par taper les gonflements, je ne vais pas jusqu’au bout et je m’attaque à l’arête que je vais bien aligner. Enfin je fini avec les gonflements et les éventuels creux qui restent aux alentours de l’arête.
Passons à plus compliqué, les gros enfoncements d’arête.
Gros enfoncements sur l’arête
Disclaimer
Si tu n’es pas encore un débosseleur confirmé et que tu n’as pas encore l’habitude de réparer des coups classiques sur les arêtes, je te conseille de t’entraîner d’abord sur de petits enfoncements.
Les gros enfoncements sur des arêtes nécessitent des compétences avancées, en particulier de travail au marteau pour redescendre les gonflements.
Plan de la bosse
Voici l’exemple d’un gros enfoncement sur l’arête d’un hayon.
L’arête est représentée par le trait rouge et en vert on voit la tôle qui a été déplacée.
Le but va donc être de remettre la tôle à sa place.
Sur ce genre de dégât on pourrait avoir tendance à vouloir d’abord descendre le gros gonflement pour ensuite travailler l’arête.
Mais ce serait clairement une erreur. Ici le gonflement est la zone ou la tension est la plus élevée. C’est donc la zone la moins malléable.
En général, la zone la plus tendue est la zone la plus déformée. Dans cet exemple, la zone la plus déformée est le gonflement.
Quand on est pas sûr on peut tester. Si je commence à taper sur le gonflement je vais me rendre compte que rien ne se passe, sauf si je tape comme un malade mais cela créera plutôt des petits creux au lieu de redescendre le gonflement. Je me rajouterai donc du travail pour rien…
Par contre si je tente de pousser au alentours de l’arête je me rends compte que la tôle est malléable. C’est donc par ici que je vais commencer.
Accès et choix de l’outil
Il s’agit d’un hayon, et plus exactement d’une malle.
Pour ce genre d’enfoncement il va falloir appliquer une certaine force et donc avoir un bon levier. Je vais donc enlever la garniture de la malle. Puis bloqué cette dernière avec un support et un crochet.
Je vais utiliser une barre à double courbures avec un embout plastique au bout. Une chaîne avec un crochet va passer dans un petit trou au niveau de la garniture de la malle et permettra à ma barre de prendre appui et d’avoir un bon effet de levier.
Redressage de l’arête
Comme expliqué précédemment, je m’attaque à la zone la plus malléable et il s’agit de l’arête.
En redressant l’arête on se rend compte au bout de quelques dizaines de poussées qu’une partie de la tôle qui avait été déplacée au niveau du gonflement à repris sa place.
Le gonflement à donc diminué et est devenu ainsi plus facile à travailler.
Redescendre le gonflement
Je vais donc passer au gonflement. Il s’agit de le redescendre pour que cette tôle déplacée retourne à sa place, à savoir au niveau de l’arête.
Ici je choisis de taper avec le bout en plastique “mou” d’un marteau mais si tu ne te sens pas assez précis avec marteau tu peux très bien le faire aussi avec un pecker avec une pointe en plastique assez large.
Au bout de quelques minutes à taper, on voit clairement qu’une grande majorité du métal à repris sa place. Entre ces deux images il n’y a eu aucune poussée, juste des tapées sur le gonflement.
Ensuite on change d’outil pour un tapage plus “fin” d’abord au pecker avec embout moyen et enfin au marteau avec une petite pointe (cela pourrait très bien être au pecker aussi).
Voici le résultat après les quelques poussées préliminaires et surtout le travail du gonflement.
Cela illustre très bien l’importance du tapage dans ce genre de réparation.
En l’occurrence ici, on peut dire sans problème que ça représente 80% de la réparation.
Dans le débosselage sans peinture on met souvent l’accent sur les poussées à la barre, parce que c’est plus impressionnant peut être, parce que les outils sont plus classes aussi, mais le travail au marteau et au pecker est au moins, si ce n’est encore plus important.
Finitions
Ici rien de particulier concernant le travail sur l’arête si ce n’est que s’il reste des creux à ce niveau, il faut s’en occuper maintenant et ne pas attendre la fin.
Sinon c’est un travail de finition classique on l’on diminue la taille des pointes des outils afin de gagner en précision et ou l’on va donc pousser les petits creux et redescendre les petits pics.
Ne pas oublier bien sûr de changer d’angle de vision avec la lumière, de déplacer sa tête et surtout d’éloigner au fil du temps sa board afin d’avoir une meilleure vision de la texture.
Voici le résultat que l’on peut obtenir en respectant ces étapes.
La réparation sur les arêtes nécessite donc un niveau plus avancé, mais est clairement possible.